L’igname pilée, accompagnée de sauce d’arachide ou de légumes est le mets préféré de nombre de Béninois. Les inconditionnels de ce repas proviennent souvent des régions du centre et du nord-Bénin.
L’igname est un tubercule très bien cultivé au Bénin notamment dans les régions du centre et du nord. Elle est aussi bien consommée par ceux qui la cultivent que vendue. A Savalou, petite ville du département des Collines, l’igname fait partie des aliments de base. D’aucuns n’hésitent à l’appeler « aliment de grande consommation ». L’igname est, dans cette région, consommée sous forme pilée depuis la nuit des temps. À l’intérieur d’un mortier, le tubercule est écrasé par un pilon puis savamment malaxé avant de pouvoir être consommé. Il existe, dans tout le Bénin, des restaurants spécialisés pour ce mets appelé « Agoué » au centre et « Tchokourou » au nord du pays. Dans les régions du centre–Bénin, l’igname pilée est mangée avec de la sauce d’arachide. Les graines sont également écrasées puis mélangées à de la sauce tomate. Dans le centre du pays, aucune manifestation, réjouissance culturelle ou traditionnelle n’a lieu sans igname pilée accompagnée de sauce d’arachide. « C’est avec cela qu’on nous identifie facilement », se réjouit dame Clarisse, vendeuse d’igname pilée dans un maquis de Cotonou.
La nuance
Au nord du Bénin, l’igname pilée est considérée comme un repas de base. Là-bas, le fait majeur est la place de la femme dans tout le processus. A Parakou, par exemple, troisième ville à statut particulier du Bénin, située dans le nord à près de 450 kilomètres de Cotonou, ce sont les femmes qui pèlent, préparent et pilent l’igname. L’igname sera mangée non pas avec une sauce d’arachide mais de légumes. La femme est donc au cœur de ce mets nécessitant beaucoup d’efforts physiques. A trois, elles se réunissent autour d’un mortier et augmentent la cadence des pilons selon l’humeur du jour. « Quand je les regarde piler, le bruit que font les coups de pilons sur les ignames coupées en tranches dans le mortier m’amène à esquisser quelques pas de danse », s’amuse Jaurès, un consommateur invétéré d’igname pilée. « Sincèrement, les musiciens béninois doivent s’intéresser à ce bruit particulier que fait le pilon, au contact de l’igname cuite dans le mortier, pour peut-être nous sortir un morceau original », insiste-t-il.
Astuces
« L’igname pilée est un repas de sportifs », se plaît à dire une restauratrice. Le tubercule est dans un premier temps pelé. Ensuite, il est coupé en tranches soigneusement rangées dans une marmite. La cuisson de ces tranches d’ignames arrosées d’une petite quantité d’eau ne dépasse pas une demi-heure dans un vase de grand feu. Après la cuisson, les tranches d’igname sont reversées dans le mortier ; d’où l’utilisation du pilon. Ce morceau de bois dont la tête est généralement massive et arrondie broie et malaxe les ignames pour qu’elles deviennent une pâte élastique très riche en amidon. C’est un repas qui, en réalité, s’accommode à toutes les sauces.
ROMUALD VISSOH
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